Monument aux Morts de la Grande Guerre 1914-1918

Monument aux morts

Église paroissiale Saint-Honoré d'Eylau

66b Avenue Raymond Poincaré, 75116 PARIS

1919-1921

Oui

Plaque

Arthur Guéniot (1866-1951) (sculpteur)

 

Dans le bulletin paroissial de novembre 1919, on peut lire l’information suivante : « Nous espérons pouvoir inaugurer, en novembre [1919], les plaques de marbre où seront gravés les noms des 595 Paroissiens morts pour la Patrie. Le bas-relief central en marbre de Carrare ne pourra être placé qu’à une date ultérieure. Il est regrettable que l’insuffisance de la souscription et la plus-value des matériaux nous ait obligés à renoncer à la partie architecturale du monument. »

Les quelques inquiétudes de la prêtrise publiées dans le bulletin paroissial de novembre 1919 témoignent bien de la difficulté qu’eurent parfois certaines paroisses parisiennes à compléter le budget nécessaire à la construction de leur monument aux morts. Dans le cas du monument de Saint-Honoré d’Eylau, le projet put être concrétisé ; il semble avoir été complétement achevé en 1921.

Le projet fut confié au sculpteur Arthur Guéniot (1866-1951), auteur de nombreux monuments aux morts, notamment pour les villes de Dinan (1920-1922), Corseul (1920-1921), Saint-Florent-des-Bois (1921), Champ-Saint-Père, Rosnay, Poiré-sur-Velluire, Chançay, La Vicomté-sur-Rance ou bien encore Treignat… Il faut signaler que tout au long de sa carrière, Guéniot a réuni une importante documentation sur son œuvre qui permet de reconstituer la genèse de ses œuvres et notamment le monument aux morts de Saint-Honoré d’Eylau. Ce fonds a été légué au musée de Reims en 1973.

Ce musée possède plusieurs croquis préparatoires et quelques photographies de la maquette qui conservent le souvenir des états successifs de la commande. On constate dans un premier temps un parti architectural en effet fort ambitieux puisque Guéniot envisageait de construire un grand péristyle à l’antique qui aurait abrité le monument en lui-même (Reims, Musée des Beaux-Arts, inv. 973-1-261-9-2-2-1/2/6/10/11). Il parait donc logique que le péristyle corresponde à « la partie architecturale du monument » à laquelle on n’a renoncé, comme le précise le bulletin paroissial. Le coût d’une telle construction aurait été considérable.

Le monument aux morts par lui-même est pensé assez rapidement. Un « bas-relief central » encadré de part et d’autres par des plaques où devaient être recensés les morts de la paroisse. En revanche, Guéniot hésite sur la partie architecturale du monument, offrant sans-doute plusieurs alternatives au commanditaire. Le bas-relief central représente le Christ apparaissant à deux soldats agenouillés, l’un d’eux tenant dans ses mains une palme du martyr. Il faut signaler que Guéniot possédait une photographie de la Pietà ou Déploration avec saint Pierre et saint Paul peinte par Fra Bartolomeo (1472-1517) entre 1511 et 1512 et aujourd’hui conservée à Florence, dans la galerie Palatine du palais Pitti. Un tirage qu’il a retouché à la mine de plomb, notamment la figure du Christ qui devient ici un poilu blessé, situé au premier plan de la composition. Guéniot sculpta une réplique de ce relief pour le cimetière des Passons à Aubagne (1921).

La cité paroissiale Saint-Honoré d’Eylau possédait un mur de clôture le long de l’avenue Raymond Poincaré. On accédait alors à l’église par deux grands portails latéraux. Le monument aux morts était situé contre ce mur d’enceinte, entre les deux portails, juste en face de la porte principale de l’église. Le monument aux morts et son grand relief a été démoli en 1974. Il faut rappeler qu’en 1974, le mobilier de l’église fut en grande partie détruit et le mur d’enceinte abattu afin d’aménager le parvis tel qu’il est aujourd’hui. De telle sorte que du monument aux morts, seules les 18 plaques (h. 120 x l. 40 cm) recensant les victimes ont été conservées.

Les plaques ont été accrochées sur le mur de clôture du sanctuaire réaménagé en 1974 par l’architecte André Le Donné (1899-1983), dans ce qui forme une sorte de déambulatoire. Curieusement, aucune inscription ne précise l'origine des victimes ou la nature du conflit. Il faut tout de même signaler le nom de l’aviateur Roland Garros, paroissien de Saint-Honoré d’Eylau, qui figure sur le monument.

 

Frédéric Jiméno

 

Bibliographie : Florence Rionnet, « Les larmes de pierre d’Arthur Guéniot », Christophe Vital (com.), Artistes en guerre, La-Roche-sur-Yon, Historial de la Vendée, 11-11-2015/06-03-2016, Gent, Éditions Snoeck, 2015.

 

© D. Grenèche / CHVP / Mairie de Paris

Édifice religieux

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