Monument aux Morts de la Grande Guerre 1914-1918

Le cortège du Soldat inconnu, place de la Concorde, 11 novembre 1920 © Neurdein / Roger-Viollet

Le Soldat inconnu

Le 11 novembre 1920, l’Arc de Triomphe est consacré comme sépulture du « Soldat inconnu ». La décision d’inhumer un soldat anonyme pour honorer tous les Français morts pour la patrie est très récente même si l’idée avait été plusieurs fois évoquée depuis la fin de la guerre. En novembre 1918, puis en septembre 1919, deux propositions de loi suggèrent l’inhumation d’un soldat anonyme au Panthéon. Restée sans suite, cette idée est reprise quelques jours avant l’anniversaire de l’armistice, à la fin du moins d’octobre 1920, sous l’influence de l’exemple britannique. En effet, un « tommy » inconnu a été enterré à l’abbaye de Westminster, nécropole royale britannique. Une délégation de députés s’efforce de convaincre le président du Conseil et une campagne de presse conquiert l’opinion.

 © Neurdein / Roger-Viollet

Panthéon ou Arc de Triomphe ?

Sous la pression, le gouvernement accepte la panthéonisation le 2 novembre et le projet de loi est examiné à la Chambre le 8 novembre. Mais dans la presse, comme dans les rangs de l’assemblée, le Panthéon est loin de faire l’unanimité, d’autant qu’y est déjà prévue le 11 novembre l’inhumation du cœur de Gambetta pour commémorer le cinquantenaire de la troisième République. La droite, suivie par une grande partie de l’opinion, estime que la place du Soldat inconnu n’est pas au Panthéon, mais que, représentant de tous les combattants morts pour la patrie, représentant du sacrifice national, il doit être enseveli à l’Arc de Triomphe.  À la fin d’une séance particulièrement tumultueuse, l’organisation de la cérémonie est enfin fixée : ce sera bien l’Arc de Triomphe, mais le cortège, qui réunira Gambetta et le Soldat inconnu fera d’abord une halte au Panthéon.

Deux jours avant la cérémonie, huit cercueils issus des différents secteurs de l’ancienne « zone des armées » sont rassemblés dans la citadelle de Verdun. Le ministre des Pensions, André Maginot, désigne un caporal pour choisir une des huit dépouilles en déposant un bouquet sur le cercueil. Le 11 novembre, la procession des deux reliques quitte la place Denfert Rochereau. Le cercueil du Soldat inconnu est entouré d’une famille fictive représentant les familles endeuillées et suivi par une dizaine de milliers de soldats de chaque arme. Le cortège traverse Paris jusqu’à l’Arc de Triomphe, en s’arrêtant, comme prévu, au Panthéon. À la fin de la journée, le cercueil est emmené dans une pièce à l’intérieur de l’arche où il restera jusqu’à l’inhumation du 28 janvier 1921.

© Neurdein / Roger-Viollet

La Flamme du Souvenir

La flamme du souvenir n’est adoptée que deux ans plus tard, en 1923. L’idée d’un éclairage de la tombe du Soldat inconnu, plusieurs fois évoquée – par le sculpteur Grégoire Calvet et par le Conseil municipal de Paris – est relancée par le journaliste de L’Intransigeant, Gabriel Boissy qui imagine un système de flamme perpétuelle. La presse joue encore une fois un rôle déterminant  dans la mobilisation de l’opinion et la prise de décision du gouvernement. L’association La Flamme sous l’Arc de Triomphe, présidée par Jacques Péricard, propose alors le système encore en vigueur : chaque soir  à 18 h 30, depuis le 11 novembre 1923, la flamme du souvenir est ravivée.

Pour en savoir plus : Jean-Yves Le Naour, Le Soldat inconnu, la guerre, la mort, la mémoire,  Paris, Gallimard, « Découvertes », 2008

 

 © Préfecture de Police, Service de l'Identité judiciaire / BHVP / Roger-Viollet

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