Les victimes de la Guerre résidant à Paris lors du conflit ont un âge et des origines à l'image de ceux de l'ensemble des victimes françaises.
Une population jeune
Les militaires appelés à servir sous les drapeaux étaient répartis par année communément dénommée « classe ». Celle de 1914, qui a fait plus de 5 000 morts parisiens, fournit l’effectif le plus élevé dans les livres d’or. Avoir 20 ans en 1914 était une terrible épreuve ; c’était aller tôt au feu sans formation militaire et faire toute la guerre. Au-delà de 30 ans en 1914, les chiffres commencent à se réduire puis chutent brutalement à compter de la classe 1899. Ils deviennent très faibles à partir de 43-44 ans.
La courbe selon la classe d’âge est très voisine de la courbe nationale, mais elle diffère sensiblement aux deux extrémités. Figurent dans la liste de très jeunes victimes, des classes 1920 et 1921, qui sont décédés lors de la campagne de Cilicie face à la Turquie – laquelle n’apparaît pas dans les décomptes nationaux. Mais surtout, on trouve 414 victimes nées avant 1868, ce qui est peu parmi les victimes parisiennes, mais beaucoup au regard des 1800 au niveau national (23% contre 7% pour l’ensemble). Il apparaît que ces « anciens » sont, beaucoup plus que les autres, morts de maladie ou suite à un accident plutôt que « tués à l’ennemi » ou « disparus ». Ils sont aussi, beaucoup plus que la moyenne, morts à Paris. L’écart n’est cependant pas tel que l’on puisse ignorer les plus de 200 anciens Parisiens tués au combat.
Le lourd tribut des Parisiens natifs de province
LIEUX DE NAISSANCE POUR LES 88 360 CAS CONNUS
Paris | 35 203 | 39,8 % |
France métropolitaine hors Paris | 50 095 | 56,7 % |
DOM TOM | 90 | 0,13 % |
Français nés aux colonies | 328 | 0,37 % |
Colonies (non français) | 45 | 0,05 % |
Français nés à l’étranger | 389 | 0,4 % |
Nés à l’étranger (nationalité inconnue) | 600 | 0,7 % |
Nés à l’étranger (non français) | 748 | 0,8 % |
Les natifs des départements du nord et de l’est fournissent de gros contingents sur les listes des livres d’or de Paris (Nord : 3 515, Pas-de-Calais : 1 282), bien au-dessus de ce qui est attendu compte-tenu de leur présence parmi les habitants de la capitale. Cela s’explique d’une part, par l’importance, à Paris, du nombre de réfugiés venus de ces régions, et d’autre part, par la participation des mobilisés de ces régions, les plus proches du front, aux combats très meurtriers du début de la guerre. Notons que les natifs parisiens de Bretagne, de Normandie et de quelques départements de la périphérie du Massif central ont aussi été largement touchés.
Les étrangers sont peu nombreux. On trouve dans l’ordre : Belges (241), Russes (236), Suisses (206), Italiens (127), Roumains (103), Luxembourgeois (80), Turcs (78), Espagnols (78) etc.
Ceux qui venaient d’un pays allié devaient normalement être mobilisés dans leur pays d’origine et ne pouvaient dès lors être sur les livres d’or. C’est la légion étrangère qui fournit le plus gros contingent, ou les pays neutres.
Quant aux colonisés, ils ne sont qu’une quarantaine (dont la moitié d’Algériens) tout simplement parce qu’il n’y a encore que très peu des combattants venus des colonies qui résident à Paris en 1914. Sans surprise, le plus grand nombre sont tirailleurs.
TEXTE EN INTEGRALITE : Un premier bilan historique sur les Morts parisiens par Jean-Louis Robert