Monument aux Morts de la Grande Guerre 1914-1918

Albert Herter, 'Le Départ des poilus, août 1914', gare de l'Est, 1926 @ Mairie de Paris

Le Départ des poilus, août 1914

Le tableau Le Départ des poilus, août 1914,  accroché dans la Gare de l’Est, est l’œuvre du peintre américain Albert Herter (1871-1950) qui l’offrit à la France en 1926. C’est à la fois une fresque historique mettant en scène le départ des soldats mobilisés en août 1914  - l’œuvre du peintre compte plusieurs tableaux à sujet historique, comme ceux qui ornent la Chambre d’audience de la Cour suprême du Wisconsin à Madison, et l’hommage intime du peintre à son fils aîné, Everit, engagé volontaire dans les troupes américaines et décédé dans l’Aisne, près de Château-Thierry, en 1918.

Une scène de départ

Cette histoire personnelle est essentielle dans la composition du tableau : Everit Herter est représenté au centre, les bras levés vers le ciel, la fleur au bout du fusil, pour dire à la fois l’ardeur de cet engagé volontaire et peut-être aussi son destin tragique. De manière symétrique par rapport à ce personnage central, aux deux extrémités du tableau, sont représentés ses parents, à gauche sa mère, les mains jointes, à droite, son père, le peintre lui-même, le buste incliné vers l’avant, une main sur le cœur, l’autre tenant un bouquet de fleurs, comme s’il s’inclinait sur la tombe de son fils enterré en France.

Maire de ParisCes trois personnages sont les acteurs et les témoins de la mobilisation lors de l’entrée en guerre. Le tableau n’est pas une représentation exacte du départ des soldats – en août 1914, les familles n’ont pas eu accès au quai et les soldats ne portaient pas leur uniforme – mais il témoigne de l’état d’esprit des soldats et de leur famille au moment du départ. L’allégresse, ou peut-être, plus justement, la détermination du personnage central, est contrastée par l’attitude de nombreux personnages du tableau : ceux, dans la partie supérieure de la fresque, qui sont déjà installés dans les wagons et qui regardent le quai avec gravité ; ceux, dans la partie inférieure, qui quittent leurs familles avec émotion.

Toutes les générations sont représentées.  Plusieurs jeunes pères enlacent leurs femmes ou leurs enfants : devant le wagon de gauche, un soldat embrasse son bébé sous le regard de sa femme avant de monter dans le train ; au pied du wagon du milieu, un autre mobilisé, serre dans ses bras sa femme aux jupes de laquelle s’accroche leur fils ; à droite, un troisième s’est accroupi pour dire au revoir à ses enfants. Outre lui-même et sa femme, Albert Herder a représenté parmi ces familles, des personnages plus âgés, probablement des pères et mères de soldats mobilisés : au milieu du tableau un homme assis sur une caisse, la tête dans les mains, est réconforté par son épouse.

Cette fresque est révélatrice du caractère ambivalent de l’opinion lors de la mobilisation, telle que la décrivent aujourd’hui les historiens, une opinion partagée entre détermination et résignation, moins enthousiaste, plus réservée que ce que l’image courante de soldats partis « la fleur au fusil » a parfois laissé croire.

 

Mairie de ParisUn lieu de mémoire

Le tableau a été inauguré le 7 juin 1926 dans le hall d’Alsace de la Gare de l’est, en présence du maréchal Joffre, du ministre de la Guerre, Paul Painlevé et de l’ambassadeur américain et devant « une foule profonde et toute remuée » (Le Petit Parisien, 8 juin 1926). La légion d’honneur a alors été remise à Albert Herder. Déposé et raccroché à plusieurs reprises, le tableau a été restauré en 2008 et peut-être vu dans le hall de la gare de l’Est, un édifice où l’empreinte mémorielle de la guerre de 1914-18 est très forte. Le fronton est de la gare est orné d’une sculpture allégorique de Verdun (1931) par Henri Varenne (1860-1933) : casquée et armée d’une épée et d’un bouclier aux armes de la ville, elle regarde la place du 11 novembre 1918 qui constitue le parvis de la gare. Sous les arcades de la façade, une plaque a été posée en 1968 en mémoire de ceux, qui, comme les mobilisés peints par Herter « partirent entre 1914 et 1918 pour défendre leur Ville et leur Patrie ». Sur les quais, en mémoire des cheminots, une plaque dédiée « aux cheminots du réseau de l’Est morts pour la France » a été apposée sur le mur de la crypte du souvenir des deux conflits mondiaux.

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